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Dans un monologue sensible, tendre et optimiste, en forme de calligrammes, Fabien Arca nous emmène au bord de la mer, là où un homme se souvient. Il raconte un souvenir de son enfance ; l’absence de sa maman (partie pour le travail), et cette étrange difficulté à surmonter l’épreuve malgré la présence de son papa. Jusqu’à ce voyage (initiatique) qui va le conduire au bord de l’océan…

Découvrez le cahier La Récolte a consacré à cette pièce en 2021, avec des extraits de la pièce, une rencontre entre l’auteur et l’auteur Sylvain Levey, le regard du metteur en scène Jean-Michel Rivinoff,
et les photographies de l’auteur Philippe Malone.

Tu me disais souvent que la vraie valeur des choses dans la vie,
c’était celle qu’on leur donnait et tu avais bien raison…
Sur le bureau de ma chambre, il y avait tout un tas de trucs qui en soit n’avaient

aucune valeur et qui pourtant étaient pour moi d’une importance capitale

Spaghetti rouge à lèvres, Fabien Arca

La Pièce

Présentation

Une grande plage de sable fin sur laquelle de petites vagues viennent s’écraser. Au bruit régulier du ressac se mêlent le souffle du vent, le rire des mouettes et aussi par moment les sirènes des navires en partance. C’est l’après-midi. Dans le ciel le soleil joue à cache-cache avec quelques nuages. Debout devant l’océan, l’air encore enfantin, un homme en costume (Plumeau) tient précieusement entre ses mains, une jolie boîte décorée.


Extraits de la pièce

L’auteur

Fabien Arca

Fabien Arca écrit du théâtre et des romans. Il est publié aux éditions Espaces 34, du Rouergue, Lansman… Parmi ses pièces pour la jeunesse, Moustique, recommandée par le ministère de l’Éducation nationale pour les collégiens (CM2-6e), Jardin secret et Ma langue dans ta poche sont lauréates du Prix de la pièce jeune public (Bibliothèque Armand Gatti/Orphéon). En 2018-2019, il a été auteur Théâ de l’OCCE. Il crée la compagnie Art-K, avec laquelle il met en scène plusieurs de ses textes. Actuellement, il est en cours de création sur son texte L’Ancêtre.
www.art-k.fr


Conversation avec Fabien Arca, par Sylvain Levey

Te dire déjà : c’est magnifique ce texte. Voilà c’est dit. Te dire ensuite : Spaghetti rouge à lèvres, quel beau titre aussi. Alors comment il est arrivé, ce titre ?
Par hasard… Au début, je n’avais pas de titre. Et puis un jour, j’ai lu le texte, qui n’était pas encore terminé, devant un petit auditoire et j’avais mis une pancarte : « Je n’ai pas le titre de mon texte ». À la fin de ma lecture, j’ai demandé aux spectateurs présents de me faire cadeau d’un titre en le notant sur une feuille de papier. J’ai eu comme ça une vingtaine de titres et parmi tous ces titres il y avait ce Spaghetti rouge à lèvres. Donc, je le dois à un ou une inconnu.e.

Spaghetti, ça m’ouvre l’appétit. J’ai grande envie de savoir comment procède le chef Fabien Arca ?
D’abord, je produis de la matière et c’est à partir de cette matière-là que je travaille. Je n’ai pas vraiment d’idée préconçue de ce que je vais écrire. Je récupère dans la matière textuelle ce qui semble être primordial à mes yeux, ce qui se dégage comme thématique. Pour ce texte assez court, il y a eu, à un moment, plus de cent pages.

J’aime bien les envers des décors, tu peux nous parler de l’arrière-cuisine de ce texte ?
On s’était amusés à écrire côte à côte, un été, avec trois autrices : Cécile Fraisse-Bareille, Sabine Revillet et Natalie Rafal. On se proposait mutuellement et à tour de rôle des jeux d’écriture, des consignes, des contraintes et on avait une journée pour y répondre. C’était ludique, stimulant et j’ai accumulé, au cours de cet été, la matière dont je viens de parler. Assez rapidement, je me suis rendu compte qu’il y avait cette parole d’enfant très forte sur l’absence d’une personne qui s’est avérée être sa mère. J’avais aussi développé un autre personnage, une jeune fille mais qui n’est plus dans la pièce. Finalement, je me suis concentré sur la question du deuil.

Il y a un doute sur ce deuil, non ?
Je voulais explorer cette frontière. Au départ, c’était juste un enfant qui s’exprimait mais au cours de l’écriture j’ai décidé de situer le personnage à un autre moment, à l’âge adulte. L’enfant est devenu homme et il se souvient de son enfance. Mais pourquoi se souvient-il de cet événement ? Et quel besoin de ritualiser ce moment ? Pourquoi s’exprime-t-il à la deuxième personne du singulier ? Il y a ainsi, je l’espère, deux niveaux de lecture. Pour les enfants, c’est le départ de la mère (quelque chose qu’on peut vivre au quotidien), et pour les adultes, c’est la question du deuil qui est posée…

Tu as déjà une œuvre florissante, notamment aux Éditions Espaces 34, mais aussi aux Éditions du Rouergue en tant que romancier. En écrivant ce texte, t’es-tu posé la question de sa destination ?
J’ai pensé brièvement à une édition d’album avec illustrations et d’un livre graphique mais très vite il m’est apparu que ce texte malgré sa forme – et je pourrais dire aussi l’inverse, grâce à sa forme – avait vocation à devenir spectacle. Il m’est apparu évident de le proposer au regard de Sabine Chevallier, directrice des Éditions Espaces 34, où j’ai publié plusieurs de mes textes. La recherche graphique du texte induira j’en suis certain les choix des futures mises en scène. L’espace de la page raconte quelque chose, une sensation, un sentiment, une trajectoire et a donc à voir avec l’indication scénique.

C’est une didascalie déguisée ?
Je le vois comme ça oui, cela pourra être aussi un espace ludique et excitant de création.

Tes textes sont souvent à la frontière du théâtre, du poème, du récit, du roman. D’où est venue cette envie du travail graphique ?
J’avais d’abord livré une première version du texte pour honorer une commande du festival Les inédits de Cahors (dirigé par Dominique Pompougnac). À l’époque, c’était un monologue avec déjà les prémices de la présence de l’adulte sur la plage. Mais je sentais que le texte devait être approfondi, dédramatisé et je voulais créer un autre rapport à la lecture… Comme j’ai une grande complicité depuis quelques années avec Nadège Coste (metteuse en scène de la Compagnie des 4 coins), je lui ai envoyé le texte et c’est véritablement de nos échanges qu’est née cette envie de décaler la mise en page, de la structurer comme un partenaire de jeu et de lecture, un générateur d’imaginaire.

[…]


Écoutez Fabien Arca

Enregistré à La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon le 8 juillet 2021

Entretien mené par Marjolaine Baronie
Prise de son, mixage et réalisation : Simon Paris
Direction artistique : Elise Blaché
Production : La Récolte, 2021

Dérives, Philippe Malone
Dérives, Philippe Malone

Découvrez l’intégralité du cahier
Fabien Arca

Extraits de Spaghetti rouge à lèvres, de Fabien Arca
Conversation avec Fabien Arca, par Sylvain Levey
Écrire sur le sable les mots que tu as sur le cœur, par Jean-Michel Rivinoff
Dérives, photographies de Philippe Malone


Spaghetti rouge à lèvres est publiée aux éditions Espaces 34 (2022).